Métrologie
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LA METROLOGIE DE L’AMIANTE

Le perfectionnement progressif des méthodes de mesure rend difficile les comparaisons entre des périodes éloignées. En outre plusieurs méthodes, différentes par leur principes, ont été mises en oeuvre et l’on ne peut passer de l’une à l’autre par une simple multiplication utilisant un facteur de conversion. Dans certains cas il faut refuser d’utiliser un tel facteur et se limiter aux comparaisons entre mesures faites avec la même méthode, dans d’autres cas la comparaison est possible en étant conscient de l’ordre de grandeur de la marge d’erreur.

Depuis l'interdiction de l'usage de l'amiante en France, les applications de ces méthodes métrologiques se sont transformées. Il ne s'agit plus de surveiller des niveaux d'empoussièrement dans un milieu industriel, mais de surveiller des locaux situés dans des bâtiments incorporant de l'amiante par construction pour fonder des décisions de désamiantage. Les concentrations sont alors beaucoup plus faibles que celles qui étaient observées en milieu professionnel et les méthodes doivent avoir une sensibilité adaptée à ce contexte.

Il demeure utile de comprendre l'ensemble des méthodes utilisées pour mesurer le niveau d'empoussièrement à l'amiante lors de l'exploitation des publications et des mesures faites à des périodes diverses de cette longue évolution méthodologique.

Les expressions en poids et en concentration de fibres par unité de volume :

L’expression de la quantité d’amiante dans l’air a longtemps été exprimée en France en nanogrammes par mètre cube d’air (ng/m3). La comparaison avec le nombre de particules ne peut être précise car la taille des particules et leur densité varient suivant le type d’amiante. P.Besson et coll. (2) proposent une conversion fondée sur la longueur moyenne des particules supérieures à 5mm et les densités respectives de 3,5 et 2,5 pour l’amosite et le chrysotile. 1 f/l correspond alors à 3,39 ng/m3 pour l’amosite et 0,73 ng/m3 pour le chrysotile. Les conversions utilisent fréquemment une valeur moyenne ne tenant pas compte du type de fibre, la concentration de 25 f/l étant considérée comme équivalent à 50 ng/m3.

L’expression de la quantité d’amiante dans l’air en nombre de fibres par unité de volume est celle qui est actuellement retenue. Du fait de l’évolution de la prise de conscience du risque lié à l’amiante et de l’apparition de textes concernant les expositions extra-professionnelles dans des locaux contenant souvent mille ou dix mille fois moins de fibres que dans un milieu professionnel, l’expression du taux de fibres a été rapportée au litre d’air (f/l) et non au millilitre (f/ml). Il faut remarquer que les textes officiels utilisent un taux par millilitre pour les mesures en milieu professionnel et en litre pour les mesures concernant le risque environnemental (hors des habitations ou dans des locaux contenant de l’amiante dans un but d’isolation thermique ou phonique, de protection contre l’incendie (flocage). Ces habitudes ont des fondements qui ne sont pas seulement historiques, elles sont également liées aux méthodes de mesure utilisées. Elles introduisent cependant un facteur de confusion car un système d'unité est indépendant d'une méthode de mesure. En outre certains auteurs utilisent l'abréviation F/l ou f/ml pour marquer la différence entre les volumes pris pour référence. Il est préférable d'avoir une seule expression de l'abréviation d'une concentration et de faire suivre le résultat d'une indication sur la méthode de mesure utilisée. Pour éviter cette confusion, les textes produits pour ce rapport utiliseront préférentiellement la concentration d’amiante en fibres par litre (abréviation : f/l), en précisant par les abréviations MOP, MOCP, MEB, MET si la mesure est effectuée par la microscopie optique avec polarisation, la microscopie optique avec contraste de phase, la microscopie électronique par balayage, ou la microscopie électronique par transmission. Cette précaution ne sera pas appliquée aux textes réglementaires ou aux citations car le respect de la forme s'impose dans ce contexte.

Les méthodes de mesure

Plusieurs méthodes de mesure des fibres d’amiante exprimant les résultats en fibres par unité de volume ont été utilisées. Elles ont des coûts différents et produisent des résultats qui ne sont pas directement comparables. Leurs avantages et leurs inconvénients doivent être connus.

- le microscope optique permet d’observer les fibres recueillies par pompage et filtration sur une membrane en particulier par l’examen en lumière polarisée ou mieux en contraste de phase (MOCP). Son inconvénient est de ne pas différencier les fibres d’amiante des autres fibres, minérales ou organiques. Son faible coût et la rapidité d’obtention des résultats permettait de l’utiliser pour une surveillance régulière de l’état d’empoussièrement de locaux professionnels. Si des mesures plus spécifiques ont montré que la proportion de fibres d’amiante est stable dans cet environnement, la MOCP permettait de dépister un pic de pollution. Il faut cependant être conscient des limites d’une telle méthode.

- le microscope électronique à transmission est la méthode de référence, elle est plus chère et plus longue à mettre en oeuvre que la MOCP mais sa résolution lui permet d’observer les fibres d’amiante les plus fines et elle peut être couplée à des méthodes d’analyse physiques-chimiques (cristallographie par diffraction et spectrométrie dispersive en énergie des rayons X) qui préciseront la variété et l’espèce de fibre d’amiante observée. Une norme AFNOR (X 43 050) spécifie la nature des fibres comptées qui doivent avoir un diamètre inférieur à 3 µm et une longueur égale ou supérieure à 5 µm, le rapport longueur sur largeur étant supérieur à 3. Deux modes de collecte pour l’observation sont utilisables, la méthode directe examine directement les filtres après traitement de ces derniers, la méthode indirecte disperse les fibres recueillies sur le filtre dans un liquide et les redépose sur une autre membrane, ce qui autorise la collecte pendant une période plus longue, la dilution dans le liquide intermédiaire permettant de maintenir une densité de fibres sur les préparations observées compatible avec le comptage.

- le microscope électronique à balayage examine la forme et la surface des fibres. D’usage plus facile que le microscope à transmission où les électrons traversent l’échantillon observé, il ne permet pas de reconnaître directement la nature des fibres observées et des méthodes complémentaires sont indispensables pour effectuer la discrimination avec des fibres organiques ou des fibres constituées d’autres minéraux que l’amiante. Il s’agit d’analyse chimique qui n’assure pas une identification spécifique comme le fait la cristallographie couplée au microscope électronique à transmission.

- les appareils de mesure de l’empoussièrement fondés sur l’exploration d’un échantillon par un rayon laser. Ils ont les mêmes limites que la microscopie optique. Ils permettent un contrôle relativement continu et bon marché de l’empoussièrement et étaient utiles pour dépister des pics de pollution sur un site utilisant industriellement de l’amiante. Ces appareils ne distinguent pas les différents types de fibres. Ils devaient donc être utilisés en complément des mesures plus spécifiques pour documenter les variations temporelles de l’empoussièrement en fonction du contexte (activité des occupants, taux d’occupation, travaux temporaires etc.).